1Quune psychanalyse sâengage Ă partir dâune demande dâun sujet, qui en son fond est une demande dâamour, est aussi communĂ©ment admis que la notion de transfert, dont cette demande dâamour ouvre la sĂ©quence, que lâamour lui-mĂȘme pour la personne de lâanalyste soit appelĂ© Ă sây produire ou non.. 2LĂ oĂč non seulement rien ne va de soi, mais oĂč lâanalyste a affaire Ă
Importancede lâamour en psychanalyse. Lâamour en psychanalyse est considĂ©rĂ© comme un domaine qui va au-delĂ du champ du Bien. Le psychanalyste doit se servir de lâamour en tant que moyen pour atteindre son but, lequel, en effet, ne doit pas ĂȘtre confondu avec un combat pour le Bien du sujet[1]. Il y a quelque chose de lâordre du rapport du sujet Ă lâamour
Cest en quoi cette structure dâextimitĂ©, il nous faut la construire. Elle est au cĆur des paradoxes du dĂ©sir et de l'amour. » Miller J.-A., « Lâorientation lacanienne. ExtimitĂ© » (1985-1986), enseignement prononcĂ© dans le cadre du dĂ©partement de psychanalyse de lâuniversitĂ© Paris VIII, cours du 18 dĂ©cembre 1985. « L'horizon de toute demande, mĂȘme si elle s'appuie sur le
Lamour nâest pas d'abord une relation Ă une personne prĂ©cise ; câest une attitude, une prĂ©disposition du caractĂšre qui dĂ©termine la relation dâune personne au monde dans son entier, pas seulement envers un « objet » dâamour.
Mon propos s'adresse essentiellement à des femmes et à des hommes qui souhaiteraient, dans leurs réponses ou leurs tentatives d'exploration du vaste sujet de l'amour, ne pas
Vay Tiá»n TráșŁ GĂłp Theo ThĂĄng Chá» Cáș§n Cmnd Há» Trợ Nợ Xáș„u. Câest quoi lâamour? Ătes-vous curieux de savoir ce que lâamour est vraiment? Voulez-vous savoir si votre autre moitiĂ© vous aime ou pas? Il ya plusieurs façons de dĂ©finir lâamour, mais il ya seulement quelques vraies maniĂšres dâaimer quelquâun. Lâamour est trĂšs prĂ©cieux et ne peut pas ĂȘtre pris Ă la lĂ©gĂšre ou sĂ©rieusement. Câest quelque chose qui nous rend aveugles, sourds, muets, et beaucoup dâautres choses encore. Voici la vraie dĂ©finition de ce quâest rĂ©ellement lâ est une action. Quand quelquâun dit âJe tâaimeâ, puis se met Ă agir comme si cela ne lui importait pas dâĂȘtre avec vous ou en votre compagnie, câest quâil ne vous aime pas. Quand quelquâun dit quâil vient tout juste de cesser dâaimer leurs autres moitiĂ©s, ce nâest pas un sentiment quâils ont perdu, mais plutĂŽt une action dans laquelle ils ont cessĂ© de prendre est de loin une action et pas seulement un sentiment. Bien sĂ»r il ya des sentiments qui vont de pair avec elle, mais lâamour est une que nous savons que câest une action, nous devons aller un peu plus pour arriver Ă la vĂ©ritable signification de lâamour. Laissez-nous commencer par considĂ©rer la relation trĂšs populaire 50/50. Cela signifie que chaque partenaire est supposĂ© contribuer 50% Ă la relation. Câest une mauvaise façon de mesurer toute relation parce que si tout ce que vous donner est Ă 50%, alors vous donnez seulement la moitiĂ© de vous-mĂȘme. Lâamour est une relation Ă 100/ une relation oĂč les deux partenaires sont toujours prĂȘts Ă donner 100% dâeux-mĂȘmes. Si vous aimez vraiment quelquâun, alors vous ne devriez pas penser que vous ĂȘtes celui qui donne ou celui qui accepte mais vous devriez plutĂŽt ĂȘtre toujours prĂȘt Ă donner, donner, donner, et encore donner. Câest la seule façon quâune relation peut vraiment marcher et ĂȘtre une relation lâamour est aussi de pardonner et de comprendre le fait que nous sommes tous humains et que nous faisons des erreurs. Il ya beaucoup dâimperfections dans une relation amoureuse, mais la diffĂ©rence est que ces imperfections sont comprises, acceptĂ©es et pardonnĂ©es quand ils font souffrir. Ceci est un vrai signe dâune relation dâamour et le pardon est une des formes dâamour les plus profondes qui puisse ĂȘtre awareness is supported by our participation in affiliate programs. We are a participant in the Amazon Services LLC Associates Program, an affiliate advertising program designed to provide a means for us to earn fees by linking to and affiliated sites. We also participate in programs from Clickbank, and other sites. selfesteem awareness is compensated for referring traffic and business to these Postslink to Self Esteem And AngerSelf Esteem And AngerâIf our vulnerable child was neglected, abandoned, shamed, or abused, that childâs pain, grief, and anger live within us. You may not even know why you continue to do things or be with people...link to Worried - Excessive WorryWorried - Excessive defines the word worry or worried as a troubled state of mind, anxiety or uneasiness. Chronic worriers have difficulty with the unknowing. Being unable to predict the outcome of a...
Le vrai, le grand amour, celui avec un grand A, est difficile Ă dĂ©finir. Car rien n'est plus personnel et subjectif que le sentiment amoureux. NĂ©anmoins, il existe des indices qui peuvent vous aider Ă reconnaĂźtre le grand amour. Voici 20 signes qui vous feront penser que c'est peut-ĂȘtre l'amour de votre vie. Que vous soyez avec votre partenaire depuis un mois, un an ou toute une vie, vous vous ĂȘtes probablement demandĂ© Ă plusieurs reprises comment savoir s'il ou elle est l'amour de votre vie ? Nous vous donnons 20 signes pour reconnaĂźtre le vĂ©ritable Vous ne pensez pas Ă votre exVous avez coupĂ© tous les liens qui vous unissaient Ă vos ex, sans mĂȘme y penser. Vous n'avez plus besoin d'eux/elles dans votre Vous n'avez pas besoin de parlerIl n'y a pas de moments gĂȘnants. Vous aimez lui parler, mais vous apprĂ©ciez aussi le silence en sa compagnie. 3. Vous vous sentez bienIl/Elle vous fait vous sentir incroyablement bien. Et sait toujours comment vous faire sentir mieux quand vous ĂȘtes Vous pouvez ĂȘtre vous-mĂȘmeVotre partenaire vous a vu sous votre meilleur et votre pire jour, et n'a pas changĂ© d'avis sur vous. Vous n'avez pas peur d'ĂȘtre Il n'y a pas de fantĂŽmes dans votre relationIl/elle n'est pas et vous fait confiance. Il/elle ne se met pas en colĂšre lorsque quelqu' vous regarde ou essaie d'attirer votre attention. Votre relation est Vous ne fouinez pas Fouiner » ou stalker » ne sont pas pas des mots qui entrent dans votre vocabulaire. Vous lui faites entiĂšrement confiance et vous n'avez pas besoin de regarder dans son portefeuille ou dans son courrier lorsqu'il ne regarde pas. Et fouiller son compte Facebook ? Cela ne vous a mĂȘme pas traversĂ© l' Vous ĂȘtes sa prioritĂ©Votre partenaire fait pour vous des choses qu'il/elle ne ferait pour personne d'autre. La preuve, il/elle accepte mĂȘme de regarder les films romantiques que nous avons dĂ©jĂ vu 10 fois, et le fait toujours avec une totale Votre partenaire est lĂ pour vousVotre partenaire est toujours pour vous, sans qu'il soit nĂ©cessaire de lui Il/elle sait calmer la situationVotre partenaire vous fait du bien parce qu'il/elle se concentre sur la solution plutĂŽt que sur le problĂšme. Donc, si vous n'ĂȘtes pas d'accord sur un point et qu'il/elle se soucie plus de mettre fin Ă la discussion que d'avoir raison, vous avez trouvĂ© une Comprend l'importance de la familleIl/elle vous accompagne chez votre grand-mĂšre, et le fait avec le sourire. Il/elle ne se plaint jamais lorsque ses beaux-parents dĂ©barquent Ă l'improviste et vous soutient Ă tout moment lorsqu'il s'agit de votre famille ou de vos Sait ce qui est important pour vousLes choses dont vous pensez devoir discuter dans une relation sĂ©rieuse sont des choses qui se sont passĂ©es naturellement avec elle/ Vous l'aimez comme il/elle estPhysiquement et Ă©motionnellement, il/elle n'est peut-ĂȘtre pas exactement ce que vous aviez imaginĂ© comme votre Ăąme-sĆur. Et vous ne vous en souciez pas du Il n'y a pas assez de motsPour lui dire Je t'aime ». Et peu importe combien de fois vous le dites, ce n'est jamais assez parce que vous l'aimez tellement que vous avez l'impression que votre cĆur va comment reconnaĂźtre un homme amoureux ? Votre navigateur ne peut pas afficher ce tag vidĂ©o. 14. Vous n'avez jamais autant riVous ne vous ĂȘtes jamais autant amusĂ© avec quelqu' C'est votre fan numĂ©ro unVotre partenaire vous dit souvent Ă quel point vous ĂȘtes beau/belle, et Et vous encourage toujours quand vous avez besoin d'un coup de pouce. 16. Vous ĂȘtes vĂ©ritable amour, c'est quand il n'y a pas de dĂ©pendance Ă l'Ă©gard de l'autre. Mais mĂȘme si vous ĂȘtes que vous pourriez vous faire une vie sans cette personne, vous supposez simplement que vous ĂȘtes plus avec elle et voulez ĂȘtre Ă ses Personne ne vous connaĂźt mieux que lui/elleVous pouvez tout lui dire. Vous lui faites entiĂšrement Vous ĂȘtes la meilleure version de vous-mĂȘmeIl/elle vous tire vers le haut et vous inspire Ă ĂȘtre la meilleure version de Il/elle rend les mauvais jours meilleursMĂȘme quand vous avez passĂ© le pire jour de votre vie et que vous mourez toujours d'envie de rentrer chez vous, vous savez que votre peine sera apaisĂ©e auprĂšs de lui/ Vous n'avez jamais ressenti cela auparavant !Cette relation est diffĂ©rente de toutes les autres. Vous savez, au fond de vous, que c'est l'amour de votre vie. Chaque jour, la rĂ©daction d'aufeminin s'adresse Ă des millions de femmes et les accompagne dans toutes les Ă©tapes de leur vie. La rĂ©daction aufeminin est composĂ©e de rĂ©dactrices engagĂ©es et âŠ
RĂ©sumĂ©. En partant dâun cas clinique dâĂ©rotomanie est dĂ©veloppĂ©e une rĂ©flexion sur la pratique du transfert dans la psychose. Ce cas nous fait enseignement dâune part sur la maniĂšre dont peut ĂȘtre assumĂ© le transfert avec le sujet psychotique, et dâautre part sur ce que le sujet invente comme solution autogĂšne, ici dĂ©lirante, pour parer Ă lâĂ©minence du rapport mortifĂšre Ă sa psychose. Le clinicien doit pouvoir trouver lĂ un modĂšle de sa visĂ©e de thĂ©rapeute, soit lâinstauration dâune fonction de limite de la jouissance. Article Au commencement de la psychanalyse Ă©tait lâamour », nous rappelle Solal Rabinovitch1. Câest en effet par les premiĂšres manifestations du transfert que la question de lâamour sâest introduite dans la pensĂ©e analytique, dĂ©s ses dĂ©buts. Il nâest pas la peine de rappeler la cure dâAnna O. par Breuer et Freud, ni lâinsistance de Lacan sur ce point qui y consacra une annĂ©e entiĂšre de son sĂ©minaire. Mais câest en passant par cet amour fou quâest lâĂ©rotomanie que jâai souhaitĂ© aborder la pratique clinique de la psychose, qui ne peut Ă©viter la question du transfert avec les sujets psychotiques. Je vais alors tenter de tĂ©moigner dâun transfert psychotique et de son maniement dans une cure, Ă travers ce rĂ©cit clinique, qui viendra aussi nous enseigner lâintĂ©rĂȘt pour le sujet de la solution Ă©rotomaniaque, mais aussi ses quelques dĂ©convenues. Cette patiente, ĂągĂ©e de 53 ans quand elle est venue me consulter sur les recommandations de la mĂ©decine du travail, mâavait Ă©tĂ© adressĂ©e parce quâelle sâĂ©tait embringuĂ©e dans un jeu de sĂ©duction avec un jeune Ă©narque ». Ce sont ses mots. Avant dâexposer cette folie amoureuse dont elle Ă©tait venue me parler, je dois vous retracer les principaux Ă©lĂ©ments de son parcours. Elle est issue dâune famille modeste de charpentiers, mais son pĂšre, qui nâavait jamais eu beaucoup de goĂ»t Ă cela, avait revendu lâentreprise familiale et sâĂ©tait reconverti comme secrĂ©taire dâune petite mairie de village. Il dĂ©cĂšdera prĂ©cocement, Ă lâadolescence de la patiente, dâun infarctus. Elle le dĂ©crit comme rĂ©servĂ© et peu prĂ©sent dans lâĂ©ducation de ses enfants, peu de place lui Ă©tant dâailleurs laissĂ©e par son Ă©pouse. Je ne retrouvais pas de trace chez elle dâun quelconque attachement Ă ce pĂšre, que ce soit en bien ou en mal, seule apparaissait une certaine indiffĂ©rence Ă son Ă©gard. Les phĂ©nomĂšnes de sa psychose laissent supposer quâaucune mĂ©taphore paternelle ne rĂ©ussit Ă sâĂ©tablir, aucun autre ne venant supplĂ©er Ă ce pĂšre pour assurer cette fonction paternelle Ă mĂȘme dâorienter le dĂ©sir de sa mĂšre. Sa mĂšre, qui habite toujours en province, est dĂ©crite, elle, comme trĂšs autoritaire. Elle se montrait trĂšs dure, surtout avec ses deux filles, la patiente y voit dâailleurs comme consĂ©quence quâelle et sa sĆur se sont mariĂ©es Ă des Ă©trangers. Elle nous a Ă©crasĂ©, elle nous a mis des bĂątons dans les roues, encore aujourdâhui, elle rĂ©pond Ă notre place ». A dâautres moments cependant, elle en parle comme dâun vĂ©ritable pilier » pour elle, sans elle, je mâeffondre ». LâAutre maternel se prĂ©sente, dans son discours, dâemblĂ©e sous ses deux versants, lâun persĂ©cuteur, lâautre qui maintient en vie, tout comme dans le rapport du PrĂ©sident Schreber au dieu de son dĂ©lire, une Ă©rotomanie divine»5ref]Lacan, J. 1981.Les psychoses, 1955-1956, Seuil, dira Lacan. De son enfance, peu de souvenirs, sinon une atmosphĂšre pesante. Elle Ă©tait lâainĂ©e de la fratrie, a eu une sĆur et deux frĂšres. Le seul Ă©lĂ©ment notable est quâelle souffrait dâun tic provoquant un mouvement de tĂȘte qui dit non, ce qui nâest pas nâimporte quel mouvement, dĂ©jĂ une forme de nĂ©gativisme, phĂ©nomĂšne que lâon peut interprĂ©ter comme un effet dans le corps de la forclusion. Elle a eu quelques flirts Ă lâadolescence, elle va mĂȘme ĂȘtre fiancĂ©e pendant un an, puis dĂ©cidant, brutalement, que ce fiancĂ© nâest pas le bon, au moment dâofficialiser les choses, elle file, on pourrait dire Ă lâanglaise, en embarquant pour lâAngleterre comme fille au pair. Est ce lĂ un premier moment de dĂ©clenchement de sa psychose? Câest probable. Elle y rencontre, presque aussitĂŽt arrivĂ©e, son futur mari, Ă©cossais, Ă©tudiant aux Beaux Arts lâacuitĂ© de son regard sur les choses sera sans cesse mise en avant. La maniĂšre dont se dĂ©roule cette rencontre est essentielle Ă repĂ©rer, puisquâelle constitue une premiĂšre fixation Ă©rotomaniaque. Ils se rencontrent dans une bibliothĂšque, elle voit dans son regard quâil a le coup de foudre pour elle, le dit love at first sight» et se laisse rapidement sĂ©duire pour se marier cinq mois plus tard. On Ă©tait nĂ©s Ă quatre jours de diffĂ©rence, tous les deux capricorne, on Ă©tait fait pour la vie de bohĂšme, jâai eu lâimpression de trouver comme un jumeau, un double. Une relation Ă la vie, Ă la mort, on avait cette certitude que jamais rien ne pourrait nous sĂ©parer ». Cela souligne la capture imaginaire qui fait, avant tout, le ressort de lâamour psychotique, restant figĂ© sur lâaxe a-aâ. CâĂ©tait pour elle aussi un pilier », mĂȘme signifiant quâelle emploie pour sa mĂšre, autre point marquant le rĂŽle de ce mari comme prothĂšse imaginaire, venant sous la forme de lâamour localiser la jouissance de lâAutre. LâĂ©rotomanie, en restaurant une version sexuĂ©e de la jouissance, bien que version non Ćdipienne, permet en effet une tempĂ©rance de cette jouissance insoutenable. Avec son mariage dâailleurs, elle note que ses tics disparaissent, ils rĂ©apparaĂźtront temporairement au dĂ©cĂšs de son mari. LâĂ©tranger et lâĂ©loignement de la langue maternelle ne sont pas pour rien dans cet Ă©quilibre trouvĂ© pour un temps, maniĂšre de limiter cette jouissance insoutenable de lâAutre maternel, que nous constatons frĂ©quemment comme motivation de dĂ©part pour un pays de langue Ă©trangĂšre, de langue non-maternelle. Nous pouvons prendre la mesure ici que lâĂ©rotomane est dans la certitude, certitude quâil ou elle est un objet prĂ©cieux et unique aux yeux de lâautre, lĂ oĂč lâhystĂ©rique ne cesse de sâinterroger sur le Pourquoi me choisit-il moi? », Quâest-ce quâil me trouve de particulier? » ou En quoi suis-je diffĂ©rente des autres? ». LĂ pas non plus beaucoup de doutes sur la rĂ©ciprocitĂ© des sentiments, elle en a la ferme conviction, quand la vie amoureuse ordinaire » nous fait renouveler sans cesse cette interrogation. Elle aura deux fils ; le premier souffre dâun retard mental en lien avec des complications obstĂ©tricales, associĂ© Ă une psychose infantile ; le second, schizophrĂšne, a dĂ©compensĂ© au dĂ©cĂšs de son pĂšre. LâĂ©rotomanie, que nous qualifions ici de conjugale, nâest, en effet, pas restĂ©e sans consĂ©quence sur les enfants du couple. Ils vont vivre pendant treize ans en Ăcosse, une vie de bohĂšme » dit-elle. Mais elle prĂ©sente, suite Ă un avortement, une symptomatologie dĂ©pressive, suivie de peu par son mari sur un mode mĂ©lancolique, ce qui dĂ©cide le couple Ă rentrer en France, elle, recherchant ouvertement le retour auprĂšs du pilier» maternel. Elle prend alors un poste dans une administration comme secrĂ©taire, poste quâelle continue dâoccuper. Elle Ă©voque une vie parfaite avec son mari, nullement assombrie par les infidĂ©litĂ©s multiples et les crises de jalousie frĂ©quentes de son mari. Cet Ă©quilibre parfait » va cependant vaciller au dĂ©cĂšs de son mari, dans les suites dâun cancer. Elle va de nouveau connaĂźtre une phase de dĂ©pression, prise en charge par son mĂ©decin gĂ©nĂ©raliste avec un traitement antidĂ©presseur. Mais ce nâest pas le traitement qui va la sortir de sa dĂ©pression, sinon peut ĂȘtre en prĂ©cipitant quelque peu les Ă©vĂ©nements qui vont suivre. En effet, câest la mĂȘme annĂ©e quâarrive dans son administration, un jeune Ă©narque dâune trentaine dâannĂ©es elle a alors 49 ans qui va commencer Ă avoir de drĂŽles dâintentions Ă son Ă©gard. Il Ă©tait surnommĂ© le beau gosse ». Il Ă©tait entourĂ© dâune cour de filles, il aurait pu avoir un mannequin du 16Ăš arrondissement, alors pourquoi moi ? Il a commencĂ© Ă jeter un regard incendiaire sur mes jambes puis sur mon ventre». Encore une fois, cette interrogation sur le Pourquoi moi?» nâĂ©tait que pure rhĂ©torique dans la dialectique de sa conviction dĂ©lirante, radicalement opposĂ©e au Che vuoi?» de lâhystĂ©rique. Tout cela durera plusieurs annĂ©es, avec de nombreux petits signes qui viendront Ă©tayer progressivement ses premiĂšres certitudes. Deux ans aprĂšs son arrivĂ©e, un banal Ă©vĂšnement va dĂ©clencher, chez elle, le coup de foudre. Il lui propose en effet de lâaider, la voyant encombrĂ©e de tout son courrier. Quelques temps aprĂšs elle remarque quâil reprend â son jeu dâallumage avec ses regards langoureux et sensuelsâ. âĂa a commencĂ© Ă mâexciterâ, nous avoue-t-elle. En pleine phase dâespoir, de nouveaux signes viennent confirmer son intĂ©rĂȘt pour elle, elle se jette alors Ă lâeau et lui envoie petits mots et mails dâabord anodins, puis dĂ©clarant de plus en plus sa flamme. Elle commence Ă avoir des remarques de sa hiĂ©rarchie. Notre hiĂ©rarchie est trĂšs importante, notre relation nâĂ©tait pas tolĂ©rable » dit-elle. Elle sâinterroge alors sur les pressions que son objet a du subir pour ĂȘtre forcĂ© Ă se plaindre dâelle. Cela ne lâarrĂȘte pas beaucoup si bien quâaprĂšs un congĂ© pendant lequel elle lui a adressĂ© de nombreuses cartes postales Ă©voquant leur âamour contrariĂ©â, si nous pouvons le rĂ©sumer ainsi, elle se voit convoquĂ©e par sa hiĂ©rarchie en prĂ©sence du beau jeune homme. Il se plaint de son harcĂšlement, un des deux doit donc quitter le site oĂč ils travaillent, ce sera elle. Câest Ă ce moment-lĂ que je commence Ă la recevoir dans une phase de dĂ©pit, mais qui ne reste pas sans espoir. Il est mis en place un lĂ©ger traitement et un suivi rĂ©gulier qui va durer prĂšs de 7 ans, elle ne manquera aucun rendez-vous et pour cause. AprĂšs une premiĂšre phase oĂč elle Ă©voque beaucoup sa relation contrariĂ©e, relation quâelle compare sans cesse Ă celle quâelle a connue avec son mari, elle prend un peu de distance sur sa situation, arrive Ă en rire, Ă se dire quâelle a Ă©tĂ© idiote de tomber dans le panneau de ce sĂ©ducteur. Mon attitude alors fut de soutenir sa parole par une Ă©coute attentive de son histoire et de son dĂ©lire, de se faire le secrĂ©taire de lâaliĂ©né»2 comme le souligne Lacan reprenant lâexpression de Falret, mais Ă©galement de lâaider Ă considĂ©rer son expĂ©rience comme commune et non exceptionnelle, notamment vis Ă vis de lâattitude de sa hiĂ©rarchie vĂ©cue de maniĂšre persĂ©cutive, maniĂšre de tempĂ©rer lĂ aussi une jouissance insoutenable dont elle se sentait lâobjet. Cette position, dĂ©licate Ă tenir, tentait dâassurer un apaisement tout en Ă©vitant de prendre une place de grand Autre, par un discours trop mĂ©dical par exemple, qui serait devenue pour elle persĂ©cuteur. Cependant une relation transfĂ©rentielle Ă©rotomaniaque sâest instaurĂ©e avec son thĂ©rapeute, qui sâest principalement caractĂ©risĂ©e par deux choses certaines poses suggestives quâelle adoptait lors des entretiens et la poignĂ©e de main Ă son dĂ©part oĂč elle ne manquait pas de me caresser le creux de la main. Ce transfert fut inĂ©vitable, lâobjet de lâĂ©rotomaniaque Ă©tant toujours lâhomme dâun savoir, ma position de mĂ©decin ne pouvait que favoriser un tel transfert, et peut ĂȘtre sans y prendre garde avais je par quelque attitude bienveillante pu le favoriser autrement que par ma fonction. Un transfert Ă©rotomaniaque est chose assez banale dans la prise en charge au long cours des patients psychotiques, pour cette patiente, ce nâĂ©tait que rĂ©pĂ©tition de sa solution dĂ©lirante. La reconnaissance de ce lien transfĂ©rentiel ne sâest pas Ă©tablie sans quelques inquiĂ©tudes, me traversait lâesprit ces descriptions clĂ©rambaldiennes dâĂ©rotomanes harcelantes ou meurtriĂšres. Cela ne semblait cependant pas ĂȘtre son cas. Identifiant ce lien transfĂ©rentiel, il sâagissait de le manier avec prudence. Jâai donc poursuivi en Ă©tant vigilant dans mes mots et mes gestes Ă ne pas laisser trop de prise Ă lâinterprĂ©tation, Ă ne pas alimenter en signes sa pente Ă©rotomaniaque ; je savais cependant les mots de ClĂ©rambault rapportant les propos dâune Ă©rotomane Son regard et sa voix ont toujours dĂ©menti ce quâil me disait »3. Quoi que je dise, elle pouvait lâinterprĂ©ter dans un sens qui venait appuyer sa conviction. Comment dĂ©s lors maintenir ce transfert sur un mode platonique et ne pas favoriser le glissement vers une Ă©rotomanie mortifiante»4 dans laquelle elle pouvait sâengouffrer? Jâai longuement Ă©coutĂ© ses plaintes autour de manifestations anxieuses ou somatiques multiples, de contrariĂ©tĂ©s au travail, de ses enfants et de sa difficultĂ© Ă voir le bonheur des autres quâelle sentait Ă©panouis sexuellement, alors quâelle ne trouvait rien de ce cĂŽtĂ© lĂ . Il sâagissait bien pour elle de se faire lâobjet de la jouissance de son mĂ©decin, en sâoffrant elle, identifiĂ©e Ă ses maux. Ses mots sur ses maux lui apparaissaient comme ce qui Ă©tait attendu dâelle par son mĂ©decin supposĂ© jouisseur. Jâai donc tenu cette place pendant prĂ©s dâune annĂ©e, constatant une certaine inertie dans son discours, puisquâelle ne cherchait plus Ă repĂ©rer les coordonnĂ©es de son parcours, ni Ă sâinterroger sur ses difficultĂ©s, mais simplement Ă se faire don Ă lâAutre. Il fut alors essentiel de ne pas ĂȘtre pris soi mĂȘme dans une forme de jouissance nĂ©vrotique. La demande, lâobsessionnel, on le sait, il nâattend que ça, il supplie quâon lui demande dit Lacan{ref]Lacan, J. 2004. Lâangoisse, 1962-1963, Seuil, Donc ne pas jouir de cette place oĂč nous met le sujet, mais aussi assumer une certaine constance dans le lien transfĂ©rentiel, ne pas vaciller et supporter les avatars de ce lien. Tout doucement, sur lâinsistance de ses collĂšgues et avec mon soutien discret dans ce sens, elle a commencĂ© Ă se mettre en quĂȘte dâun nouveau compagnon. Sorties au dancing avec ses amies, annonce de rencontre passĂ©e dans une revue consacrĂ©e aux chasseurs et enfin inscription sur Meetic, qui lui a permis de rencontrer un homme avec qui elle entretient une relation depuis. Câest un Japonais » me dit-elle, ça va faire hurler ma mĂšre!». Quelle jouissance se lisait sur son visage Ă ce moment oĂč elle me lâannonça. Elle abandonna aussitĂŽt ses petits signes Ă mon Ă©gard. Alors certes, câest une relation un peu compliquĂ©e, mais qui semble cependant pleinement la satisfaire, un nouveau pilier » dit-elle encore. En effet, il apparait un peu bizarre, il est plus jeune quâelle, a des TOC » plus quâĂ©tranges, et a une passion pour les femmes mĂ»res » , si bien quâil a une autre relation avec une femme tout aussi mĂ»re. Elle sâen accommode sans grande difficultĂ©, en se voyant comme la femme des sens », la femme bohĂšme », et lâautre, sa rivale, comme la femme de mĂ©nage », sâoccupant des tĂąches ingrates. On voit ici la mĂ©connaissance systĂ©matique de lâautre femme comme modĂšle ou rivale, bien repĂ©rĂ©e dans la clinique classique de lâĂ©rotomanie, comme absence de jalousie. Depuis lors, ses manifestations anxieuses ont disparu, de mĂȘme que ses plaintes. Les entretiens se sont espacĂ©s, et son temps a Ă©tĂ© dĂ©sormais presque totalement consacrĂ© Ă cette nouvelle passion. Plus signe de lâĂ©narque, ni du thĂ©rapeute. Une Ă©volution et un parcours thĂ©rapeutique que nâaurait pas reniĂ©s Esquirol, lui qui proposait comme seul remĂšde Ă lâĂ©rotomanie, le mariage Ă son objet de fixation. Elle sâest, en effet, mariĂ©e au premier objet de son Ă©rotomanie. A sa disparition, elle trouve un nouvel objet avec cet Ă©narque, mais lĂ , son amour est contrariĂ©. Alors au moyen dâune fixation transitoire sur son thĂ©rapeute, elle est parvenue Ă nouer une nouvelle relation, qui bien quâun peu bancale, la soutient de nouveau. Cette solution Ă©rotomaniaque, solution autogĂšne de la psychose, dont on observe ici la vertu stabilisatrice, invoquĂ©e pour parer Ă lâĂ©minence dâun rapport mortifĂšre, le clinicien doit pouvoir y trouver un modĂšle de sa visĂ©e de thĂ©rapeute, soit lâinstauration dâune fonction de limite de la jouissance, comme lâa si bien soulignĂ© Francoise Gorog dans son article sur lâĂ©rotomanie5. Câest, entre autres, une des visĂ©es de la crĂ©ation en mai 2011, Ă son initiative, de lâInstitut Hospitalier de Psychanalyse IHP Ă lâHĂŽpital Sainte Anne, que de poursuivre une recherche et un enseignement en psychanalyse en dialogue avec dâautres disciplines et articulĂ©s Ă la pratique clinique , lâIHP favorisant Ă©galement lâaccĂšs Ă tous au traitement psychanalytique. Bibliographie [1]Rabinovitch, S. 2007. La folie du transfert, Eres, [2] Lacan, J. 1981.Les psychoses, 1955-1956, Seuil, [3] Lacan, J. 1981.Les psychoses, 1955-1956, Seuil, [4] Gatian de ClĂ©rambault, G. 1998, Ćuvres psychiatriques, FrĂ©nĂ©sie. [5]Lacan J., 2001 PrĂ©sentation des MĂ©moires dâun nĂ©vropathe », 1966, Autres Ăcrits, Seuil, 213-217 [6] Lacan, J. 2004. Lâangoisse, 1962-1963, Seuil, [7]Gorog, F. 1988. Histoire dâun concept lâĂ©rotomanie, Nervure-Journal de Psychiatrie4 Dr Luc Faucher Psychiatre et Psychanalyste Praticien Hospitalier Ă lâInstitut Hospitalier de Psychanalyse HĂŽpital Sainte Anne, Paris
Article paru dans la revue PLI n° 8 revue de psychanalyse de lâEPFCL-France pĂŽle Ouest Ă partir dâune intervention prononcĂ©e lors du SĂ©minaire collectif Lâacte analytique » Ă Rennes durant lâannĂ©e 2012-2013. En 1964, dans le sĂ©minaire Les quatre concepts fondamentaux de la psychanalyse, Lacan dit que Le transfert est un phĂ©nomĂšne oĂč sont inclus ensemble le sujet et le psychanalyste. Le diviser en termes de transfert et de contre-transfert, quelle que soit la hardiesse et la dĂ©sinvolture des propos quâon se permet sur ce terme, ce nâest jamais quâune façon dâĂ©luder ce dont il sâagit»[1]. Ce dont il sâagit câest de la question du transfert, comme phĂ©nomĂšne essentiel, nodal pour lâĂȘtre humain, Ă savoir le dĂ©sir. Dâautre part, toujours pour poursuivre notre questionnement concernant lâacte du psychanalyste, nous nous Ă©tions arrĂȘtĂ©s sur cette remarque de Lacan mentionnant le fait que la femme comprenne trĂšs trĂšs bien ce quâest le dĂ©sir de lâanalyste. Comment ça se fait-il ? »[2]. Dans la sĂ©ance du 27 fĂ©vrier, du sĂ©minaire LâAngoisse, il questionne la fonction du dĂ©sir dans lâamour. Pour autant que le dĂ©sir intervient dans lâamour et en est un enjeu essentiel, le dĂ©sir ne concerne pas lâobjet aimĂ© »[3]. Il nous indique que pour questionner ce que peut ĂȘtre le dĂ©sir de lâanalyste, il faut partir de lâexpĂ©rience de lâamour. Nous allons donc poursuivre cette question de lâamour dans le transfert et la position de lâanalyste en prenant appui ce soir sur deux points les prodigieuses confidences de Lucia Tower dans lâaveu trĂšs profond quâelle fait de son expĂ©rience. Cela ne peut Ă©viter de mettre les choses sur le plan du dĂ©sir »[4] et les facilitĂ©s de la position fĂ©minine quant au rapport au dĂ©sir »[5]. Lacan prĂ©cise le terme facilitĂ© », comme Ă©tant la façon dont Lucia Tower a rendu raison de la position analytique sinon plus sainement, du moins plus librement, dans son article. »[6]. Que signifient donc les facilitĂ©s de la position fĂ©minine par rapport au dĂ©sir », et le dĂ©sir ne concerne pas lâobjet aimĂ© » dont parle Lacan ? Quels liens peut-on faire entre lâamour et le dĂ©sir de lâanalyste? Quels liens entre lâamour et la psychanalyse ? La question de lâamour comme tromperie ? Lacan dans le sĂ©minaire Le transfert et son interprĂ©tation nous rappelle cette dimension toujours Ă©ludĂ©e quand il sâagit du transfert, Ă savoir quâil nâest pas simplement ce qui reproduit une situation, une action, une attitude, un traumatisme ancien. Ce qui se rĂ©pĂšte, câest quâil y a toujours une autre coordonnĂ©e, celle sur laquelle il met lâaccent Ă propos de lâintervention analytique de Socrate, Ă savoir nommĂ©ment, un amour prĂ©sent dans le rĂ©el. Il prĂ©cise nous ne pouvons rien comprendre au transfert si nous ne savons pas quâil est aussi la consĂ©quence de cet amour-lĂ . Câest en fonction de cet amour, disons rĂ©el, que sâinstitue ce qui est la question centrale du transfert, Ă savoir celle que se pose le sujet concernant ce qui lui manque, car câest avec ce manque quâil aime, ce nâest pas pour rien que, depuis toujours, je vous serine que lâamour câest de donner ce quâon nâa pas »[7]. Comment pourrions-nous expliciter ce que Lacan dit de cet amour toujours prĂ©sent dans le rĂ©el » dans lâanalyse ? Il me semble que câest un amour qui ne se laisse pas prendre aux sĂ©ductions et aux enjeux de la mascarade phallique qui rĂ©gissent, au niveau imaginaire, les rapports entre les sexes. Peut-on alors illustrer cet amour rĂ©el en prenant appui sur ce passage de Lacan[8] dans le sĂ©minaire Encore oĂč le dĂ©placement de la nĂ©gation de la contingence Ă la nĂ©cessitĂ© serait lĂ le point de suspension Ă quoi sâattache tout amour » ? Peut-on entendre cela comme la rencontre du sujet avec ses symptĂŽmes, ses affects, avec ce qui le marque donc de la contingence, que lâon peut formuler par cela cesse de ne pas sâĂ©crire ». Et la rencontre avec le dĂ©sir de lâanalyste, comme la nĂ©cessitĂ©, soit lâamour, comme ce qui ne cesse pas de sâĂ©crire » ? Le temps de suspension serait lâillusion pendant un temps, cette mise Ă distance de cet impossible, de ce non-rapport sexuel, de cette mise Ă distance de lâaffrontement avec le non-rapport sexuel, avec le rĂ©el que lâon peut Ă©crire ! Cela ne cesse pas de ne pas sâĂ©crire ». Câest en fonction de cet amour disons rĂ©el que sâinstitue ce qui est la question centrale du transfert, celle que se pose le sujet concernant lâagalma, Ă savoir ce qui lui manque, car câest avec ce manque, que le sujet aime. Lacan poursuit câest le mĂȘme principe que le complexe de castration. Pour avoir le phallus, pour pouvoir sâen servir, il faut justement ne pas lâĂȘtre ».[9] Câest en 1895 que Freud dans les Etudes sur lâhystĂ©rie, dĂ©signe le transfert Ăbertragung comme un faux nouage, une fausse association. Une mĂ©salliance.[10] Le transfert est moins clair et moins simple quâil nây paraĂźt. Peut on dire quâune imposture est inscrite au centre du champ analytique avec une demande ambiguĂ« et Ă©quivoque qui dirait comme un cailloux riant au soleilâŠJe te demande de me refuser ce que je tâoffre, parce que ce nâest pas ça »[11]. Lacan relĂšve que câest lâinstant de la rencontre du dĂ©sir du patient avec le dĂ©sir de lâanalyste, oĂč Le sujet en tant quâassujetti au dĂ©sir de lâanalyste, dĂ©sire le tromper de cet assujettissement, en se faisant aimer de lui, en proposant de lui mĂȘme cette faussetĂ© essentielle quâest lâamour »[12]. Freud repĂšre comment le transfert ne saurait ĂȘtre atteint in absentia, in effigie. Cela signifie, me semble-t-il, que le transfert nâest pas, de sa nature, lâombre de quelque chose qui eĂ»t Ă©tĂ© auparavant vĂ©cu. Bien au contraire, le sujet, en tant quâassujetti au dĂ©sir de lâanalyste, dĂ©sire le tromper de cet assujettissement, en se faisant aimer de lui, en proposant de lui-mĂȘme cette faussetĂ© essentielle qui est lâamour ».[13] Lâeffet de transfert, câest cet effet de tromperie en tant quâil se rĂ©pĂšte prĂ©sentement ici et maintenant »[14]. Lacan dans le SĂ©minaire Encore, indique que lâamour dans lâanalyse, nous nâavons affaire quâà ça, et ce nâest pas par une autre voie quâelle opĂšre. Mais Aimer, câest essentiellement vouloir ĂȘtre aimĂ© ».[15] Câest pourquoi derriĂšre lâamour dit de transfert, nous pouvons dire que ce quâil y a, câest lâaffirmation du lien du dĂ©sir de lâanalyste au dĂ©sir du patient ».[16]Lacan insiste sur cette dimension de tromperie dans le lien transfĂ©rentiel. Si le transfert consiste Ă dĂ©sirer le dĂ©sir de lâAutre, il place du mĂȘme coup lâanalyste dans la position du dĂ©sirĂ©. Lâanalyste devient le lieu oĂč vient se loger lâobjet du dĂ©sir du sujet. Lâamour et le dĂ©sir du sujet visent lâobjet placĂ© dans lâanalyste. Le dĂ©sir de lâanalyste permet donc au patient de repĂ©rer au-delĂ des mirages de lâamour lâobjet du dĂ©sir Ă partir du signe du manque dans lâAutre. Câest donc finalement les questions de la ruse et du semblant qui sont lĂ prĂ©sentes me semble tâil. Un article de VĂ©ronique Mariage sur ce sujet le mentionne ainsi une analyse est une histoire dâamour que dĂ©loge lâanalyste par son dĂ©sir ».[17] La femme et la ruse Lacan a toujours affirmĂ© que les femmes avaient un rapport privilĂ©giĂ©, une sorte de connivence naturelle avec la psychanalyse. En relisant et commentant cet article de Lucia Tower sur lequel nous allons prendre appui ce soir et dont Marie-ThĂ©rĂšse Gournel va nous parler, nous verrons comment elle va, mĂȘme sans lâarticuler, le nommer, occuper de fait sa place dâanalyste lorsquâelle va sâaviser de ne pas contenir, de ne pas incarner lâobjet cause du dĂ©sir de lâanalysant. Lucia Tower va se laisse mener par lâĂ©rotique analytique de la cure en se conduisant comme un partenaire fĂ©minin. Comme le mentionne Lacan, si les femmes ont cette aisance, câest en grande partie dĂ» Ă la singularitĂ© de leur rapport Ă lâinconscient ou encore Ă la forme mĂȘme du complexe de castration fĂ©minin. Câest un fait bien Ă©tabli, quand elles se rangent, elles aussi sous la banniĂšre du phallus, ce nâest pas, comme les hommes, sous la contrainte dâune menace, mais par le constat dâune absence. Lâissue du complexe dâĆdipe est diffĂ©rente comme chacun sait pour la femme. Pour elle câest beaucoup plus simple, elle nâa pas Ă faire cette identification. Elle sait oĂč il est, elle sait oĂč elle doit aller le prendre, câest du cĂŽtĂ© du PĂšre, vers celui qui lâa, et cela aussi vous indique en quoi ce quâon appelle une fĂ©minitĂ©, une vraie fĂ©minitĂ© a toujours un peu aussi une dimension dâalibi. Les vraies femmes, ça a toujours quelque chose dâun peu Ă©garĂ© »[18]. Lacan prĂ©cise ce qui est pour ces femmes analystes un atout majeur. Il le dit ainsi Ce manque, ce signe moins dont est marquĂ©e la fonction phallique pour lâhomme qui fait que pour lui sa liaison Ă lâobjet doit passer par cette nĂ©gativation du phallus, par le complexe de castration, cette nĂ©cessitĂ© qui est le statut du moins phi au centre du dĂ©sir de lâhomme, voilĂ ce qui pour la femme nâest pas un nĆud nĂ©cessaire. Ce nâest pas dire quâelle ne soit pas pour autant sans rapport avec le dĂ©sir de lâAutre, mais justement, câest bien au dĂ©sir de lâAutre comme tel, quâelle est en quelque sorte confrontĂ©e, affrontĂ©e. Câest une simplification que, pour elle, cet objet phallique ne vienne, par rapport Ă cette confrontation, quâen second et pour autant quâil joue un rĂŽle dans le dĂ©sir de lâAutre. Ce rapport simplifiĂ© avec le dĂ©sir de lâAutre, câest ce qui permet Ă la femme quand elle sâemploie Ă notre noble profession, dâĂȘtre Ă lâendroit de ce dĂ©sir, dans un rapport quâil faut bien dire manifeste chaque fois quâelle aborde ce champ confusĂ©ment dĂ©signĂ© comme celui de contre-transfert â et qui est en fait celui du dĂ©sir du psychanalyste â dans un rapport que nous sentons beaucoup plus libre »[19]. Pour la femme, ce phallus quâelle nâa pas, elle lâest symboliquement pour autant quâelle est lâobjet du dĂ©sir de lâautre. Câest pour ĂȘtre le phallus, câest-Ă -dire le signifiant du dĂ©sir de lâAutre, que la femme va rejeter une part essentielle de la fĂ©minitĂ© dans la mascarade cf. Joan RiviĂšre. La femme leurre par le leurre mĂȘme, la fĂ©minitĂ© se rĂ©sume Ă la prĂ©sentation de cette parure du vide. Le dĂ©sir de lâanalyste et la fonction de lâanalyste du cĂŽtĂ© de la mascarade Lacan, lui, explore la fonction de lâanalyste du cĂŽtĂ© de la mascarade fĂ©minine ; la mascarade nâest pas lâexclusivitĂ© de ceux qui avancent dans la vie avec lâapparence dâune femme. Dire que lâanalyste se conduit comme un partenaire fĂ©minin, câest dire quâil rĂ©pond comme une friendly wife, ce que fera Lucia Tower, avec un de ses patients, en portant un masque comme le propose Joan RiviĂšre, ou en faisant le travail dâillusionniste comme le mentionne Lacan en 1936. Lâanalyste se laisse mener par le malentendu et, le moment venu, tout simplement il nâoppose aucune rĂ©sistance Ă ce que lâĂ©quivoque tombe. Occuper cette place nâen passe pas par une technique, par une volontĂ© de lâanalyste, encore moins Ă la comme suite dâune Ă©laboration thĂ©orique. Si Lacan insiste sur le dĂ©sir de lâanalyste comme opĂ©rateur, câest parce que ce nâest pas selon son dĂ©sir de sujet que lâanalyste opĂšre, câest un tenant lieu dâun artifice. Pour soutenir le dĂ©sir de lâanalysant, il ne sâagit pas dâun semblant de dĂ©sir, mais de faire semblant dâun dĂ©sir qui opĂšre rĂ©ellement, dans ces rencontres manquĂ©es du sujet avec lâAutre ».[20] Mais comment Ă lieu cette opĂ©ration ? Telle est la question. Une rĂ©ponse peut-elle ĂȘtre du cĂŽtĂ© de lâamour rĂ©el ? En effet comme le mentionne Lacan Seul lâamour rĂ©el permet Ă la jouissance de condescendre au dĂ©sir »[21]. Condescendre », cĂ©der complaisamment est le mot qui souligne ici un mouvement entre le dĂ©sir et la jouissance, mais peut-ĂȘtre aussi une forme de circularitĂ© entre celle-ci et lâamour. La rencontre avec le dĂ©sir de lâanalyste est-elle le lieu dâune ruse pour dĂ©busquer lâinconscient, pour permettre Ă la jouissance de condescendre au dĂ©sir pour le sujet de lâinconscient ? En voici une illustration littĂ©raire dans Les lieux dâune ruse de Georges Perec[22] Je vins pendant 4 ans, mâenfoncer dans ce lieu sans histoire, dans ce lieu inexistant qui allait devenir le lieu de mon histoire ⊠lâAutre derriĂšre ne disait rien. A chaque sĂ©ance jâattendais quâil parle. JâĂ©tais persuadĂ© quâil me cachait quelque chose, quâil en savait beaucoup plus quâil ne voulait bien en dire, quâil nâen pensait pas moins, quâil avait son idĂ©e derriĂšre la tĂȘte ⊠lorsque jâessayais de parler, de dire quelque chose de moi, dâaffronter ce clown intĂ©rieur qui jonglait si bien avec mon histoire, ce prestidigitateur qui sâavait si bien sâillusionner lui-mĂȘme, tout de suite jâavais lâimpression dâĂȘtre en train de recommencer le mĂȘme puzzle comme si, Ă force dâen Ă©puiser une Ă une toutes les combinaisons possibles je pouvais un jour arriver enfin Ă lâimage que je cherchais ⊠il fallait que je revienne sur mes pas, que je refasse ce chemin parcouru dont jâavais brisĂ© les fils. De ce lieu souterrain, je nâai rien Ă dire je sais quâil eut lieu et que dĂ©sormais la trace est inscrite en moi et dans les textes que jâĂ©cris ». Il me semble que Georges Perec vient lĂ nous indiquer comment la rencontre avec le dĂ©sir de son analyste, devient le lieu de lâobjet perdu et la trace quâil en retrouve pour lui du cĂŽtĂ© de lâĂ©criture. Il nây a pas dâobjet qui puisse combler un sujet. Das Ding est la chose perdue du fait de lâaccĂšs au langage. Heidegger nous aide Ă concevoir Das ding par la mĂ©taphore du vase. Le vase enserre cette chose ». Ce vase que le potier façonne autour dâun vide avec sa main. Ce vide nâest pas rien, câest la rĂ©vĂ©lation de lâĂȘtre ». Maurice Blanchot Ă©crit que la rĂ©ponse Ă la question câest le meurtre de la question. Il me semble que lâon peut entendre cela comme le dĂ©sir ne restant vif que parce quâaucun objet y compris le savoir et les connaissances comme objet dĂ©sirable ne saurait le combler. Peut-on dire que Georges Perec dans son texte, nomme ainsi ce tenant lieu dâartifice ? ». Il sâagit de donc de dĂ©finir les coordonnĂ©es que lâanalyste doit ĂȘtre capable dâatteindre pour simplement occuper la place qui est la sienne, laquelle se dĂ©finit comme celle quâil doit offrir vacante au dĂ©sir du patient pour quâil se rĂ©alise comme dĂ©sir de lâAutre[23] ». En consĂ©quence, il sâagit de situer ce que doit ĂȘtre, ce quâest fondamentalement la production du dĂ©sir de lâanalyste, posĂ© comme un dĂ©sir spĂ©cifique, un dĂ©sir inĂ©dit, par Lacan. Câest bien pourquoi Lacan affirme que la jouissance doit condescendre au dĂ©sir via lâamour. La fonction de lâamour Ă©tant alors dâorienter le dĂ©sir de lâanalysant, Ă partir de lâabsence de la Chose maternelle, vers lâobjet a de substitution et le plus-de-jouir. Lâamour ne rĂ©pond que dâun manque. Autrement dit le ternaire jouissance-amour-dĂ©sir suggĂšre une circulation signifiante alternĂ©e, de la jouissance au dĂ©sir et du dĂ©sir Ă la jouissance. La fin de lâanalyse sâaccompagne dâun dĂ©tachement Ă lâĂ©gard du sujet supposĂ© savoir, tandis que se met Ă nu ce que la prĂ©sence de lâanalyste cachait, Ă savoir lâobjet sous son aspect pulsionnel. Dans ce moment, ce qui se propose au sujet est la rencontre avec le rĂ©el de sa cause, son horreur propre », qui peut lui donner appui pour un dĂ©sir de savoir nouveau. Dans le fantasme, le sujet adopte une nouvelle position par rapport Ă lâobjet. Lâobjet nâest plus un objet manquant par essence, et qui pourrait complĂ©ter son ĂȘtre ; il devient plutĂŽt un objet qui, en tant que cause, le pousse Ă chercher, Ă complĂ©ter ce qui ne pourra jamais ĂȘtre comblĂ©. Soit un dĂ©sir inĂ©dit pour un savoir Ă construire. Dans son livre, Une saison chez Lacan, Pierre Rey illustre me semble tâil le dĂ©sir de lâanalyste Ă partir du tableau La dentelliĂšre, de Vermeer. Le tableau entier sâordonne autour de la seule chose que le peintre ne donne pas Ă voir, lâaiguille avec laquelle brode la dentelliĂšre. Supprimez ce point central invisible, la toile fout le camp, elle ne signifie plus rien »[24]. Le point focal du tableau serait donc le dĂ©sir de lâanalyste ? Sans aiguille pas de broderie ! [1] LACAN J., Le SĂ©minaire, Livre XI Les quatre concepts fondamentaux de la psychanalyse, Paris, Seuil, [2] LACAN J., Le SĂ©minaire, Livre X, LâAngoisse, Paris, Seuil, 2004, leçon du 13/03/1963 p. 208. [3] Ibid., leçon du 27/02/1963, p. 180. [4] Ibid., leçon du 27/02/1963, p. 175. [5] Ibid., leçon du 27/03/1963, p. 229. [6] Ibid. [7] Ibid., leçon du 16/01/1963, [8] LACAN J., Le SĂ©minaire, Livre XX Encore, Paris, Seuil 1975, leçon de juin 1975, p. 132, le rat dans le labyrinthe. [9] LACAN J., Le SĂ©minaire, Livre X, LâAngoisse, Paris, Seuil 2004, leçon du 16/01/1963, p. 128. [10] FREUD S., Breuer J., 1985, Etudes sur lâhystĂ©rie, 11° Ă©dition, Paris, PUF, 1992, ch. VI, p. 245-246. [11] LACAN J., Le SĂ©minaire, Livre XIX, âŠOu pire, Paris, Seuil, 2011, titre du chapitre 6 . [12] LACAN J., Le SĂ©minaire, Livre XI Les quatre concepts fondamentaux de la psychanalyse, Paris, Seuil, leçon du 17/06/1984, p. 282, De lâinterprĂ©tation au transfert ». [13] LACAN J., Le SĂ©minaire, Livre XX Encore, Paris, Seuil, 1975, p. 64. [14] Ibid., p. 283. [15] Ibid., p. 282. [16] Ibid., p. 283. [17] MARIAGE V., Le dĂ©sir analytique en question », in Revue La Cause Freudienne, n° 51. [18] LACAN J., Le SĂ©minaire, Livre V, Les formations de lâinconscient, Paris, Seuil, 1998, leçon du 22/01/1958, p. 195. [19] LACAN J., Le SĂ©minaire, Livre X, LâAngoisse, Paris, Seuil, 2004. [20] LACAN J., Le SĂ©minaire, Livre VII, LâEthique de la psychanalyse, Paris, Seuil, 1986. [21] LACAN J., Le SĂ©minaire, Livre X, LâAngoisse, Paris, Seuil 2004, p. 209. [22] PEREC G., Les lieux dâune ruse », in Penser/classer. [23] LACAN J., Le SĂ©minaire, Livre VIII Le Transfert, Paris, Seuil 2001, p. 130. [24] REY P., Une saison chez Lacan, Ed. Poche Point Essais, 2007, p. 73.
RĂ©sumĂ© Sans que Freud ne lui consacre jamais une rĂ©flexion spĂ©cifique, lâamour est nĂ©anmoins au cĆur de sa pensĂ©e. Faim et Amour » est la forme mĂ©taphorique de la premiĂšre thĂ©orie des pulsions, et Ăros et Thanatos » de la seconde. Lâamour, dans son soubassement Ă©nergĂ©tique de libido, est en quelque sorte pivot de sa pensĂ©e du conflit, tĂ©moin de la complexitĂ© de la dynamique psychique. Lâamour de transfert, quant Ă lui, est le cĆur de la cure, dans ses excĂšs, ses inhibitions, ses renversements en haine, ou son cours tempĂ©rĂ©, dans le meilleur des cas. On constate aujourdâhui une inflation thĂ©orique de la rĂ©flexion sur les pathologies narcissiques, limites, mais la clinique, continue de dĂ©cliner les avatars des rencontres amoureuses, des frustrations, des ruptures, des solitudes⊠Si les psychanalystes ont souvent mis en lumiĂšre les difficultĂ©s de lâamour, ils ont Ă©tĂ© plus discrets sur les bonheurs qui lui reviennent et sa force crĂ©atrice. Ce volume des DĂ©bats », sans jamais en nier les complexitĂ©s, souhaiterait ne pas couper les ailes dâĂros. CaractĂ©ristiques Sommaire Table des matiĂšres Introduction, HĂ©lĂšne Parat, Composition de lâamour, Paul Denis Corps dâamour, Bernard Chervet Mots dâamour, Laurent Danon-Boileau De lâamour Ă la sublimation ? Dominique Bourdin Texte historique Les paradoxes de lâamour, Jean Cournut DĂ©clarer lâamour de transfert, quitte ou double, Emmanuelle Chervet Lâhistoire dâamour de lâhomme aux loups, Gilbert Diatkine Anne Franck aimer de toute urgence, Guy Cabrol CrĂ©er sa vie pour ne pas broyer de lâombre, Sylvie Pons-Nicolas Lâamour et le fraternel, Martine Pichon-Damesin Autour de l'auteur Les directrices de la publication, Marie-Laure LĂ©andri et HĂ©lĂšne Parat, sont membres de la SociĂ©tĂ© psychanalytique de Paris. Nos recommandations
c est quoi l amour en psychanalyse